segunda-feira, 23 de novembro de 2009

J'ai tant rêvé de toi


Gustav Klimt - O beijo, 1907-1908
Viena, Österreichische Galerie Belvedere

J'ai tant rêvé de toi
que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser
sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère?

J'ai tant rêvé de toi
que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine
ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années,
je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.

J'ai tant rêvé de toi
qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l'amour et toi,
la seule qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.

J'ai tant rêvé de toi,
tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu'il ne me reste plus peut-être,
et pourtant, qu'à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran solaire de ta vie.

Robert Desnos (1900-1945)

No seguimento do post do Luís sobre o Pedro Costa, e como também gosto de Robert Desnos, coloco este poema que retirei da net (http://www.pierdelune.com/desnos1.htm).
Um amigo enviou-me o quadro de Klimt para ilustrar o poema. Aqui fica. Obrigada!

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