quinta-feira, 24 de novembro de 2011

Malraux por Mitterrand

Malraux faleceu a 23 de novembro de 1976. no dia seguinte François Mitterrand escreveu no seu diário:
«André Malraux était du voisinage, du paysage de notre vie. Comme une lumière dans la maison d'en face et qui s'éteint, un peu plus d'ombre occupera l'espace et le temps devant nous. On supçonne mal aujourd'hui le choc que provoqua La Condition humaine dans les années du dernier avant-guerre. Venant juste après la sienne, ma génération lui doit, adolescente, d'avoir rencontré le monde plus tôt. J'ai raconté naguère comment je m'en suis dépris alors qu'à quarente ans j'essayais de saisir le pourquoi de notre amour fou. Toute déception rend injuste et je le suis resté longtemps. La grâce éventée, je ne distingais que le fard, et les chevilles de l'éloquence littéraire. Même La Condition humaine, même L'Espoir perdirent à mes yeux leur attrait. Sans parler du Musée imaginaire qui, pour moi, n'en a jamais eu. Je n'écrirais rien sur ce mort qu'accompagnent superbement les cuivres des oraisons funèbres si le Malraux vivant, rêvant, philosophant de l'oeuvre ultime n'avait réveillé d'anciennes résonances. Que de fois me suis-je arrêté sur certaines pages de Lazare pour m'entendre les relire! Lazare ressuscité de la mort avant d'y retourner. Il marche en sens inverse des autres hommes, de tous les autres, qui procèdent de leur naissance. Chargé du poids terrible d'un au-delà sans souvenir, il cherche à révéler un secret dont il ne sait rien. Et, de sa voix brûlée au feu des soleils noirs, il parle, dépouillé de sa luxuriance. Seul et nu, tâtant le tour de son lit pour y retrouver l'humble sécurité des objets, mais l'esprit en voyage et toujours en chimère. Malraux-Lazare m'atteint. Je ne pense pas, comme Hervé Bazin, qu'il soît avec Proust le plus grand romancier du siècle. Entre les deux, la liste est longue qui dément ce propos. Je ne crois pas non plus qu'il sera jugé par la posterité sur son oeuvre. J'ai vécu avec lui quelques jours d'il y a vingt ans. Celui que j'ai connu, je l'ai perçu comme un médium. Il lui fallait parler, non écrire, pour transmettre. Alors, il exprimait la fulgurance qu'on prête aus astres morts, et qui continuent d'éclairer notre nuit.»
François Mitterrand - L'abeille et l'architecte: chronique. Paris: Flammarion, [199-]. (Le livre de poche; 5366)

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