domingo, 6 de setembro de 2015

Nas montras de Paris - 20

Des Equateurs, 2015

«En quête de vieux documents, je suis tombée sur des photos prises il y a une trentaine d'années à l'occasion d'un anniversaire où la famille de mon mari et la mienne - se bornant à ma mère - étaient réunies. Parents et beaux-parents, âgés alors de soixante à soixante-dix ans, esquissaient le même sourire vague et sans joie, tête baissée et regard éteint. C'était si frappant que je ne pouvais pas ne pas le remarquer à l'époque, mais j'étais jeune encore et les questions dérangeantes qui m'étaient venues à l'esprit avaient vite été occultées par d'autres préoccupations.
«Maintenant que j'ai atteint cet âge dit respectable, vénérable ou avancé, je découvre à mon tour l'épreuve du vieillissement. C'est une telle dévastation à tous les niveaux que si la conscience en existait quand cet ultime passage obligé semble encore loin, personne ne souhaiterait mourir le plus tard possible. Et pourtant, dans leur grande majorité, les personnes âgées ont rarement envie de mourir, à moins d'être diminuées ou malades à un degré insupportable. Elles arrivent même à entretenir l'espoir utopique de mieux se porter et à oublier en partie l'imminence effrayante de la fin du tragique sursis de leur brève existence terrestre.
«Vieillir, c'est subir la déchéance d'un corps qui, en même temps qu'il fonctionne de moins en moins bien, s'abîme, se déforme, se dénature de plus en plus... Non seulement on ne le reconnaît plus, non seulement ses dysfonctionnements rendent le quotidien difficile, mais la honte, parfois même le dégoût qu'il vous inspire provoquent une réticence presque insurmontable à consulter dentistes et médecins - le gynécologue et le dentiste en premier lieu - quand il le faudrait pourtant.
«Ces changements éprouvants contribuent à réduire la vie relationnelle. L'augmentation du nombre des années va de pair avec la raréfaction progressive des coups de fil et des mails. La retraite, qui implique l'absence d'activités et de perspectives excitantes à communiquer, y est pour beaucoup, ainsi que le décès ou l'exil géographique de nombreux collègues ou amis. Ceux qui restent s'intéressent moins à vous, de même que l'on s'intéresse moins à eux : on se connaît trop et l'affection ne suffit pas toujours à surmonter l'agacement provoqué d'un côté comme de l'autre par une inévitable prévisibilité... Sans parler du miroir attristant de la déchéance accélérée que l'on se tend les uns aux autres...
«Comment la sociabilité ne serait-elle pas en chute libre dès lors que la dégradation du corps et une fatigabilité grandissante, quand ce n'est pas la progression d'une pathologie, ralentissent, handicapent, infériorisent, incitant à appréhender toute sortie au point de préférer rester confiné chez soi ? Quand on est jeune, on n'imagine pas les difficultés motrices du troisième âge susceptibles de rendre cauchemardesques les montées et descentes d'escalier, ni les désordres digestifs : quand ils ne vous isolent pas totalement, ils impliquent des régimes draconiens, pénibles à respecter et impossibles à imposer à des hôtes éventuels.»

3 comentários:

  1. O sorriso de F. H. também nunca foi muito exuberante, antes próximo dum "sourire vague et (quase) sans joie"...
    Uma reflexão bem ampla, justa e precisa, este seu extracto do livro.
    Bom domingo!

    ResponderEliminar
  2. Muito verdadeira esta análise sobre o envelhecimento.
    F.Hardy está bastante doente e foi ao pesquisar sobre
    o livro, que encontrei alguns vídeos com entrevistas,
    algumas com alguma polémica, mas em relação a opiniões
    políticas.
    Envelhecer e perder qualidade de vida é um drama, acho eu.
    Obrigada pela partilha.

    ResponderEliminar