Virginie Larousse assina o editorial em que traça alguns paralelos com a atualidade.
«Lorsque, le 31 octobre 1517, un obscur moine du Saint Empire placarde (dit-on) ses « 95 thèses », critiques acerbes de l'Église, il n'imagine pas qu'il va faire exploser l'Europe. Luther a pourtant mis le doigt dans cet engrenage qui fait si peur aux religions, en particulier monothéistes : la division. Celle-là même que les disciples de Jésus ont connu dans les premiers temps du christianisme, et qui les conduira à se couper définitivement de leurs racines juives. Celle-là aussi que l'Église a vécu au XIe siècle, le schisme de 1054, qui mènera à la rupture entre Église d'Orient et Église d'Occident. Celle-là enfin qui déchira les musulmans dès les débuts de l'islam, la fitna ou guerre civile de 656 - dont les conséquences ne finissent pas de l'agiter encore, à travers l'opposition sunnites- chiites.
«Le protestantisme, à l'instar du christianisme, a été « une naissance sans faire-part », pour reprendre l'expression de l'historien Hubert Bost. Jamais le moine allemand n'a voulu faire sécession d'avec Rome. Celui qui, en 1518, assure encore au pape « s'offrir à [lui] avec tout ce que je suis et tout ce que je possède » souhaite simplement questionner certaines pratiques et enseignements de l'Église, l'inciter à mener une bataille spirituelle. Mais Luther est un lutteur dont le combat a viré au pugilat. Car les religions, comme la plupart des institutions, sont des mammouths. Il est difficile - pas impossible, cependant ! - de les faire évoluer.
«On a oublié, aujourd'hui, à quel point la Réforme protestante a été une déchirure pour l'Europe, voire pour le monde. D'une certaine manière, cette amnésie est plutôt rassurante : cela montre que les relations, au départ si fratricides entre catholiques et protestants, se sont peu à peu normalisées, que les conflits religieux ne sont pas une fatalité. Que la haine a fait place à l'acceptation, et même à l'amitié. Désormais, en effet, l'apport considérable du protestantisme à notre société est unanimement salué. C'est avec la Réforme que, reconnaît-on, le monde serait entré dans la modernité. Une telle évolution des mentalités est franchement réconfortante, au moment où nous sommes sidérés par le retour des conflits religieux.
«Mais cette amnésie est également à méditer à l'heure où le mot de « réforme », généralement au sens politico-social, inonde les discours au quotidien. Pourquoi avons-nous autant de mal à agir avant que le point de non-retour ne soit atteint ? Pourquoi les tentatives de réformes aboutissent-elles, trop souvent, à des ruptures ? Cela est vrai aussi bien à l'échelon de nos modestes individus qu'à celui d'un pays ou de la planète. Semper reformanda (« toujours à réformer »), tel est l'un des principes fondamentaux du protestantisme. Une devise à faire nôtre en ces temps de toutes les urgences.»
André Comte-Sponville termina o seu artigo «De la guerre à la laïcité» deste modo: «Montaigne, son presque contemporain [de Lutero], déplorait que les "nouvelletés de Luther" aient abouti aux guerres de religion. Il avait évidemment raison. Mais elles ont abouti aussi - par refus de ces guerres - à la laïcité, que Luther (convaincu, comme saint Paul, que "tout pouvoir vient de Dieu") n'envisageait guère. Les voies de Dieu sont impénétrables.»
Um número de Le Monde des Religions a ler.
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