Prosimetron

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sexta-feira, 18 de fevereiro de 2011

Leituras no Metro - 43


Paris, 18 Fev. 1931
«Je regarde les petites annonces de L’Intransigeant. Je ne veux pás être “recommandée”; trouver une place para “relations”. J’ai besoin d’être hors du jeu ambigu des relations. Un libraire demande une vendeuse sténodactylo… J’aime bien les livres. Il s’agit de livres rares, précieux. Je me presente, j’ai mis du rouge à lèvres et des talons hauts pour me vieillir. Je dis que j’ai dix-huit. Ça marche.
«Aujourd’hui, ça ne marcherait pás. Visite médicale. Sécurité sociale, déclaration obligatoire… Rien du tout cela n’existait.

«- Et que faisiez-vous dans cette librairie?
«-Le courier. Il y en a beaucoup avec les bibliophiles. Le catalogue… Quand le libraire s’absentait, je recevais les clients. Et je lisais… Une chance que je ne sois pás tombée chez un marchand de vin, n’est-ce pas?
«Tous les livres de ce libraire, je les ai lus… Remarquez que “La Plêiade” n’existait pás encore, et qu’il fallait quarante volumes dans l’édition Conard pour absorber Balzac. J’étais assez fière de gagner cinq cents francs par mois. Ma soeur qui était vendeuse dans un grand magasin n’en gagnait que trois cents et n’avait pás le droit de s’asseoir. Moi j’étais bien traitée. Par rapport à l’époque, bien sûr. C’était une autre époque, si différente…»
Françoise Giroud
In: Si je mens…: conversations avec Claude Glayman. – Paris: La Guilde du Livre, 1972, p. 25

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